La découverte entrepreneuriale – "cela ne s’invente pas !"
Un grand merci à Frédéric, Hubert et Pierre pour leurs commentaires sur différents articles et propos.
Je trouve que Pierre a souligné un point essentiel : la S3 ne doit pas se résumer à de grands axes ou de grands thèmes (voir les articles précédents « early feedback » et « comment échouer? ») mais elle doit se construire à partir du processus de découverte entrepreneuriale. Or, écrit-il, la découverte entrepreneuriale, «cela ne s’invente pas en quelques mois en faisant une étude. Ce processus se construit avec les acteurs dans le temps, est mouvant, vivant et dynamique » Je pense que l’on touche là au cœur de l’exercice. Encore une fois le concept de découverte entrepreneuriale est fondamental pour aller un cran plus loin que la description des structures. Les deux mots sont importants : entrepreneuriale pour montrer l’aspect bottom up, on n’est pas dans une logique de plan quinquennal, la connaissance entrepreneuriale est l’input clé ; et découverte pour souligner l’aspect (re)fondation d’un domaine, création de nouvelles opportunités – on veut concentrer des ressources sur une activité de découverte et non pas sur une simple innovation.
Clairement cela ne s’invente pas en quelque mois ! Dans chaque région, on trouvera quelques cas de découverte entrepreneuriale spontanée (qui viennent logiquement des segments dynamiques de l’économie incluant les entreprises technologiques, ouvertes à l’internationale, adossées à la recherche, ou encore les grands organismes de recherche qui ont les capacités évidentes (sinon les incitations) à produire des projets de découvertes entrepreneuriales . Mais on trouvera aussi de nombreuses situations où les potentialités de développement et de transformation par la recherche et l’innovation sont là, bien présentes et visibles sauf que la dynamique entrepreneuriale qui pourrait les réaliser est absente. Il y a donc toute une part de la S3 qui doit être consacrée à la construction de ces projets. Ceci implique une flexibilité des financements (échelonnement, report) et une variété d’instruments à mobiliser dans le cadre des PO correspondants. Un PO consacré au financement d’une activité émergente bien définie et structurée et qui relie, disons, une dizaine de firmes technologiques, un laboratoire universitaire et le CEA sera de nature différente d’un PO consacré à la recherche d’activités, à la stimulation des découvertes entrepreneuriales qui n’existent pas encore dans un secteur moins bien structuré. Il est important de bien maîtriser la variété des instruments disponibles et leur adaptation aux différentes situations et logiques poursuivies dans le cadre des futurs PO.
Pour finir, le lien avec la notion de S3 inclusive est évident. Pour éviter l’élitisme que dénonce Pierre Benaim à la fin de son commentaire, il faut effectivement donner à chacun sa chance ; c’est-à-dire faciliter l’émergence de projets de découverte entrepreneuriale là où la recherche, l’innovation, la nouveauté représentent des outils de transformation évidents mais non encore exploités.
Quant à la question de la légitimité des entrepreneurs, soulevée par Frédéric, j’ai du mal à comprendre le problème soulevé par la Commission. Ce qui est sûr c’est que la disponibilité d’une critériologie robuste et transparente est absolument vitale pour « légitimer » les décisions qui seront prises. J’en parle dans un prochain article, rédigé à la suite d’une visite en Languedoc Roussillon !