De retour d’Orléans où le Comité Stratégique Régional de l’Innovation de la Région Centre se réunissait sous l’autorité du Préfet et du Président de Région (félicitation au passage à Frédéric Pinna – grand contributeur de ce blog -pour l’organisation de la journée !), j’aimerais reparler du cas du tourisme comme priorité possible car c’est un cas qui intéresse de nombreuses régions et en outre nous l’avons transformé en sorte de cas d’école pour illustrer que dans de nombreuses régions, certaines activités liées au tourisme pouvaient être élevées au rang de priorité S3. Ainsi, le développement de telle ou telle activité de recherche, de technologie et d’innovation (sans doute fondée sur les TICs) pour améliorer l’efficacité du service touristique ou bien le développement de certaines compétences digitales pour en transformer l’offre ou l’élaboration de certains savoirs technologiques au service de la conservation du patrimoine ; tout ceci ferait bien dans la vitrine de la S3 ! Et effectivement une telle priorité permet de poursuivre les deux objectifs que nous avons toujours associés : améliorer les performances d’un secteur (ici le tourisme) par la recherche, l’innovation et le changement structurel ET (au passage) construire des capacités nouvelles d’invention et d’innovation pour conquérir une certaine niche de marché (ici le développement d’application TIC pour tel ou tel service touristique). Donc Chambord et Chenonceau feront très bien dans la vitrine, pas de doute ! Cependant, quand on regarde de plus près, comme l’a fait scrupuleusement la Région Centre, on s’aperçoit que les entreprises éventuellement concernées par ce processus de découverte entrepreneuriale et de développement d’une nouvelle activité sont massivement hors de la Région ; pas très loin (en Île de France) mais pas là. Faut-il quand même prioritiser Chambord, Chenonceau et les autres ? A mon avis non !
En effet on va massivement financer des activités et des entreprises hors de la région pour améliorer l’offre touristique. Je ne dis pas qu’on ne devrait pas améliorer cette offre ; il faut sans aucun doute le faire dans le cadre d’une politique sectorielle mais pas dans le cadre de la S3. Certes, on a dit et redit que l’établissement d’une priorité n’imposait pas que toutes les ressources nécessaires à la nouvelle activité soient disponibles dans la région ; évidemment non et toutes les combinaisons sont possibles entre ressources intra-régionales et ressources extra-régionales. Cependant il faut quand même qu’un minimum de forces potentielles et d’acteurs dynamiques soient présents dans la région, autrement on bâtirait sur du sable : certes l’offre touristique sera améliorée mais aucune capacité nouvelle n’aura été engendrée pour la région. En somme ne confondons pas les beaux objets que l’on a et que l’on voudrait mettre dans la vitrine (châteaux et cathédrales, plages et montagnes, vignobles) mais qui n’y ont pas leur place et les beaux projets qui visent à transformer par la recherche et l’innovation les activités associées à la valorisation de ces objets. Quand ces projets existent et si leur centre de gravité est bien dans la région considérée, ils ont alors toute leur place dans la vitrine de la S3 !